Comme vous le constatez dans son titre, cet édito est mon dernier et je l’écris, partagé entre des petits regrets de penser que mon aventure au sein de l’Éducation Nationale se termine, et de la joie de prendre un repos mérité (?), qui plus est, après ces quinze mois de gestion sanitaire qui ont puisé dans nos réserves et qui ne nous permettent pas encore de finir cette année dans les conditions habituelles.
Je n’aurais pas la prétention de faire défiler ici toutes les missions que j’ai menées en 40 ans, mais je voudrais que cette grande (grosse ?) maison se souvienne d’une valeur qui doit à mon sens continuer de la construire et que j’ai essayé de porter dans mes deux vies d’éducateurs.
Lors de la première, c’est la formation de citoyen, au-dessus de celle de formateur en référentiel rebondissant aléatoire qui m’a semblé la plus nécessaire. Se poser la question du pourquoi d’un apprentissage, de l’utilité de développer telle connaissance, tel savoir-faire ou tel savoir-être pour amener vers quel adulte. En plus direct : savoir donner un sens citoyen à ce que nous faisons apprendre.
Ces contenus devenus maintenant des compétences sont ceux qu’il faut garantir à chaque enfant pour qu’il puisse se débrouiller dans sa vie en gardant en lui l’idée du respect de l’autre.
Ma deuxième vie m’a placé à la tête d’établissements pour observer la machine qui avance et infléchir sa direction en fonction des constats. Cette tâche est passionnante si elle est menée avec suffisamment de recul pour ne pas pédaler sans réfléchir là où on nous dit de le faire, ni accélérer à perdre haleine pour se faire bien voir.
Il est des moments où la tête doit rester dans le guidon car la fonction l’exige mais aussi des moments où prendre l’hélicoptère permet de mieux réfléchir à ce qui se passe vraiment avec les personnes qui sont sur le terrain.
Ces deux vies professionnelles n’ont, ni l’une ni l’autre, altéré ma passion pour l’humain et pour l’envie de rendre meilleures les relations entre les personnes. Il n’y a rien qui me fasse plus plaisir que d’entendre quelqu’un me remercier d’avoir su gérer les situations avec un humanisme remarqué. J’ai sûrement cette envie dans mon ADN. J’espère ne pas m’y être trop perdu.
Je souhaite à tous ceux qui continuent de vivre dans cette aventure de garder en toute circonstance cet œil empathique qu’il faut savoir porter sur l’autre qu’il soit enfant, élève, parent, professeur, collègue, collaborateur, en dessous ou au-dessus.
L’épanouissement est plus abouti quand on marche à côté plutôt que sur les autres. Je souhaite à tous ceux qui me lisent pour la dernière fois de pouvoir continuer à évoluer avec cette volonté.
D. Milhorat