Continuité pédagogique à distance et enseignement hybride sont devenus des notions quotidiennes de notre École, en ces temps de crise sanitaire. Notre ministre a tenu, parfois contre vents et marées, à ce que l’École reste ouverte le plus possible. Mais nous traversons une période où la distanciation va être suivie de l’hybridation déjà appliquée dans les lycées et qui arrivent pour les « grands » du collège.
L’ancêtre de tout cela, créé à la fin des années 2000 au Canada, s’appelle un MOOC (Massive Open Online Courses) et a été inventé par les grandes université pour ouvrir au public les cours d’élite qu’elles dispensaient. Mais le développement des MOOC, formation en ligne en bon français, dont on pensait qu’il allait être révolutionnaire s’est heurté à différentes difficultés.
Les plus flagrantes sont la passivité des candidats derrière leur PC et le manque d’accompagnement « humain ». Pour contrer ce qui se transformait en un plus ou moins rapide abandon de la formation (10 % des formés ont suivi jusqu’au terme) il a fallu inventer de l’interactivité, des forums de questions en temps réel ou en continu, et même des quizz en cours de formation pour garder l’attention.
De même des forums d’échanges ou des « Community manager » sont apparus pour aider les étudiants dans leurs formations. Cet e-learning est donc devenu un moyen parmi d’autres mais loin d’une panacée.
Et pour nos collégiens, que va produire la distanciation et le cours « sans prof » ? Je ne vous cacherai pas mon inquiétude face à ce procédé, rendu obligatoire par la situation sanitaire mais bien éloigné de la réussite pour beaucoup d’élèves. Nous avions constaté au retour du premier confinement le plaisir, partagé, des enseignants et des élèves de se retrouver en face à face, même avec un masque.
Le professeur a retrouvé au regard des élèves un rôle de décortiqueur de la connaissance. Michel Serres a dit : « Sur Wikipédia, il n’y a pas de connaissances : il y a de l’information. Si l’on tape « mécanique quantique », on tombe sur un mur d’équations auquel on ne comprend rien ! On a encore plus besoin du professeur. Son rôle est de faire passer de l’information à la connaissance : transformer ce que savent les élèves en une connaissance réelle. Ce rôle n’est pas nouveau, mais voilà le professeur allégé de la transmission d’information ».
S’il peut être mis en doute sur les informations, le professeur reste plus que nécessaire dans ce rôle de transformateur. Cette tâche n’est pas nouvelle mais l’actualité la met en valeur et rend le professeur bien indispensable.
D. Milhorat